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Le régime DUKAN face au rapport de l'ANSES

L'ANSES a sorti un rapport qui analyse différents régimes amaigrissants, dont le régime DUKAN qui s'en sort plutôt bien.

L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) a récemment émis un rapport intitulé "Évaluation des risques liés à la pratique de régimes à visée amaigrissante". Je passerai sous silence le conflit d'intérêt majeur qui consiste à juger le régime Fricker en mettant comme membre du groupe de travail un certain... Fricker ! Surtout que le président du groupe de travail, Jean-Michel Lecerf, est une connaissance de longue date de Fricker, (et peut-être même de Cohen?). Bref, l'ANSES n'avait toujours pas compris la notion de conflit d'intérêt à ce moment là...

Ce rapport analyse ensuite des régimes, choisis parmi la masse existante. Après le scandale Médiator et dans le cadre d'un rapport à l'image du corps, l'objectif est d'évaluer des risques, et non pas un bénéfice/risque, ce qui est déjà une prise de position en soi, et s'éloigne de la neutralité scientifique qu'on aurait attendu d'un tel rapport. Mais bon, passons...

Il met dans le même sac des "régimes" telle que "citron détox" ou "soupe au chou" avec des régimes à priori plus équilibrés comme Cohen, Fricker ou Dukan. Mais il ne dira rien sur un régime aussi étrange que "le régime groupe sanguin". Pourquoi pas...
D'ailleurs, je note que le régime Fricker n'est pas épargné par l'étude et il apparaît avec tous ses défauts, étant hypocalorique, comme tous les régimes qui échouent depuis 30 ans. C'est plutôt un point "favorable" pour le rapport de l'ANSES.

J'ai apprécié le paragraphe 4.2 sur les aspects psychologiques du comportement alimentaire humain. L'intervention de Madame Le Barzic est géniale, montrant que la recherche d'une normalité, imposée par une valeur médicalisée (l'IMC), n'est pas une bonne prise en compte de l'individualité et est plutôt lié à une tendance américaine à la conception standardisée du comportement alimentaire. La surmédicalisation actuelle, qui crée une pathologie à partir d'une situation "normale", peut être plus dangereuse qu'utile et peut aider à l'apparition de troubles du comportement alimentaire. Dans le cas, le mieux est l'ennemi du bien.

Une étude peu précise
L'analyse des régimes s'est faite par une recherche sur Internet et dans les livres disponibles. On est donc assez loin d'une étude fiable. "Lorsque les tailles des portion n'étaient pas précisées, ce sont les données moyennes de l'étude INCA2 qui ont été affectées." Voilà une autre approximation.

De même, certains régimes permettent de consommer des aliments "à volonté". C'est le cas du régime DUKAN.  "Cette variabilité théorique reste difficile à prendre en considération et à modéliser car elle est dépendante des individus." (page13). Ceci indique que le régime DUKAN échappe en partie à l'analyse et qu'il s'adapte à l'appétit de l'individu, contrairement aux ANC fixes évoqués dans tout ce rapport. Le rapport ne peut donc pas vraiment analyser le régime Dukan sans faire des approximations contestables.

Enfin, un régime complexe (avec plusieurs phases) est analysé à partir d'une seule journée de régime pour chaque phase (p13). Ce n'est plus de la science, c'est de l'extrapolation hasardeuse et biaisée. Au niveau méthodologique, je trouve qu'on s'éloigne d'une étude solide, car certains choix et présupposés sont contestables.
Aussi, lors de la lecture de mon analyse, rappelez vous bien que "régime UNTEL" doit se lire en fait : " une journée du régime UNTEL", ce qui réduit considérablement la portée analytique de ce rapport de l'ANSES.

On est loin de l'excellence méthodologique du rapport LIPIDES (mai 2011) qui est l'un des meilleurs rapports de l'ANSES (que je vous recommande de lire).


PREMIERE PARTIE : 
Des graphiques pour analyser les régimes

L'énergie totale
Le premier graphique (p15) indique que le régime DUKAN n'est pas un régime hypocalorique. Il ne soumet donc pas votre corps à l'angoisse de la faim et de la réduction du métabolisme (fatigue et baisse de moral).
Les régimes Montignac, Cohen et Fricker sont hypocaloriques, car l'énergie est inférieure à 1500 kcal. Le régime Fricker est même inférieur à 1200 kcal, donc le plus hypocalorique parmi ces 3 là (exemple : Fricker1 est à 900 kcal)

Les protéines
Évidemment, le régime DUKAN est le plus protéiné (parmi ceux choisis). . Au contraire, le régime Montignac est légèrement déficient en protéines (p17).

Notons que pour Dukan1 et Dukan3, la quantité de protéines paraît excessive, pour les femmes (plus de 3,5 g/kg par jour).
La théorie derrière cela est que cela permettrait au corps de fabriquer du glucose à partir des protéines (néoglucogenèse) et de conserver la masse musculaire, mieux que dans un régime hypocalorique.
Notons aussi que la phase 1 ne dure que quelques jours, ce qui limite la portée de cet éventuel déséquilibre.
( Dukan2 : 41% de l'AET et Dukan 3 : 45% de l'AET)

Les graisses (lipides)
Parmi les régimes les plus riches en lipides, on trouve Cohen1 (phase 1), Atkins et Montignac. Ils ont plus de 40% de lipides dans l'Apport Énergétique Total.
La journée de régime DUKAN est proche de 40% ou inférieur à ce seuil (p19).
Il est à noter que les graisses sont des éléments du plaisir gustatif et cérébral.
Fatty acid–induced gut-brain signaling attenuates neural and behavioral effects of sad emotion in humans

Contrairement à une idée reçue, le régime Dukan n'est pas hypolipidique. 

Les sucres (glucides)
Le régime DUKAN est l'un des plus pauvres en glucides, avec Cohen1.
(Dukan1 : 12% EAT ; Dukan2 : 11% EAT)

Les régimes Ornish (81%) et Weight Watcher (57%) sont les plus riches en glucides.


Les fibres
Aucun des régimes connus en France ne respecte la limite des 25 g/jour. (p 23).
Selon le rapport, le régime DUKAN serait l'un des plus pauvres en fibres.
Apparemment, le rapport de l'ANSES n'a pas pris en compte l'apport de fibres par le son d'avoine, qui est pourtant un des piliers du régime Dukan.


Le fer
Le régime DUKAN est suffisamment riche en fer, contrairement à Fricker1 (p24).
80% des régimes n'atteignent pas les 80% des ANC pour la femme.

Le magnésium
Le régime DUKAN est l'un des plus riches en magnésium (p26). (On a Dukan2 égal à Cohen2)
Or, le magnésium est très souvent déficitaire dans la population française, amenant stress et mauvaise humeur. C'est donc un point positif pour DUKAN, non souligné dans le rapport.

Le sel (sodium)
Pour ce minéral, l'OMS recommande une consommation de 5 g/j (2000 mg) et le rapport 2002 de l'AFSSA recommande 8 g/j (3200 mg). Les Français consomment beaucoup plus que cette recommandation : 9 g/j en moyenne (soit 3550 mg de sodium). On constate que DUKAN1 est trop riche en sel (mais cette phase a une durée très courte). Les phases DUKAN2 et DUKAN3 sont proches de la consommation de sel moyenne en France.
Le régime Fricker et la phase Cohen2 sont inférieurs à la recommandation de l'OMS, déjà très basse. Or, un régime peu salé est peu appétissant, fade et anorexigène.

Et si on boit beaucoup (dans les régimes Atkins et Dukan), on perd davantage de sel dans les urines. Ces régimes ne sont donc pas si riche en sodium que cela, vues les pertes supplémentaires provoquées par le régime.

Le sélénium
Pendant les 3 phases, le régime DUKAN  est le plus riche en sélénium (p28).
Le sélénium est un anti-oxydant utile pour protéger la santé.
Le sélénium (sur Passeport Santé)

La vitamine B9
La plupart des régimes étudiés n'atteignent même pas le besoin moyen. Le régime DUKAN est au-dessus des ANC, alors que Fricker1 est très déficient en vitamine B9 (p29).

La vitamine C
Plusieurs régimes n'atteignent pas le Besoin Nutritionnel Moyen : le régime DUKAN, Fricker1 et Fricker2, ainsi que Cohen1. Il est à noter qu'un régime moins riche en glucides nécessite moins de vitamine C. En effet, le glucose et la vitamine C (acide ascorbique) sont des concurrents pour les transporteurs cellulaires. Un régime qui permet une glycémie moins élevée nécessite probablement moins de vitamine C.
Le régime Dukan, pauvre en glucides, épargne la vitamine C.

La vitamine D
C'est l'une des substances les plus importantes pour la santé. On devrait l'appeler l'hormone D, et non pas la vitamine D. Beaucoup de Français sont déficitaires pour cette substance. Or, le régime Dukan étant très riche en poissons, il est l'un des plus riches pour cette molécule essentielle, qui protège la santé.
De plus, les ANC en vitamine D sont insuffisants. De nombreux chercheurs se sont exprimés à propos de ce scandale français et ont publié des seuils en vitamine D beaucoup plus hauts.
Le régime DUKAN est donc "visionnaire" sur ce point, permettant aux Français d'améliorer leur statut vitaminique.
Le régime Cohen1 atteint les ANC (insuffisants) et le régime Fricker est très déficient, étant même inférieur au BNM (p31), ce qui est très insuffisant.

La vitamine E
C'est une vitamine anti-oxydante, protectrice des membranes cellulaires. Les régimes Fricker1, Fricker2 et Cohen2 sont déficients, inférieurs aux BNM.
Au contraire, Cohen1, DUKAN2 et DUKAN3 sont supérieurs aux ANC (p32).

Conclusion de cette première analyse
On voit bien que le régime DUKAN se sort plutôt bien de cette première analyse, et que les régimes Cohen ou Fricker n'ont rien à lui envier. Le régime DUKAN souffre d'un excès de sel (modéré) et d'une insuffisance en fibres (surtout dans la phase d'Attaque). Mais il est intéressant pour sa teneur en magnésium, sélénium, vitamine D, en vitamine B9 et même en vitamine C. Ces substances sont précieuses, car souvent déficientes en France. Elles permettent de soutenir le moral, de moduler l'immunité et de combattre le cancer.


DEUXIÈME PARTIE : Évaluation du risque nutritionnel


De prime abord, on remarque que la plupart des régimes sont plus riches en protéines et plus pauvres en glucides. Il est donc clair que, pour perdre du poids, c'est l'option qui est retenu par les régimes Fricker, Cohen et DUKAN (p37).

"Les risques de déficit en lipides portent donc avant tout sur les acides gras essentiels" (p39). Pour réduire l'apport calorique, la réduction des lipides paraît une bonne idée, à condition que les oméga-3 soient suffisamment présents. Or, consommer du poisson gras est la meilleure manière de récupérer des oméga-3 à Longue Chaîne (AGPI-LC). Selon l'AFSSA 2010, il ne faut pas que les apports en lipides tombent sous la valeur de 30%, comme le régime Weight Watcher, Fricker1+ et Fricker2+.
Le régime DUKAN1 est légèrement inférieur à la valeur 35% mais je rappelle que cette phase ne dure que quelques jours, ce qui ne pose donc aucun problème au long terme.

En ce qui concerne les protéines, leur apport permet de réduire la perte de masse musculaire, ainsi que le fait l'activité physique. De plus, les protéines vont être utilisées pour fabriquer du glucose pour le cerveau, les reins et les cellules sanguines, c'est à dire pour maintenir une glycémie normale.

Un régime pauvre en glucides n'est pas forcément cétogène (fabrication de corps cétoniques). Un régime qui apporte plus de 50 g/j n'induit pas la présence de cétones dans l'urine (p40). Sur le graphique de la page 21, on voit que les régimes Cohen1 et Fricker ont une quantité inférieure à 50 g/j. Au contraire, le régime Dukan (quelque soit la phase) est toujours supérieur à 50 g/j. On entend très souvent que le régime DUKAN est le plus pauvre en glucides, mais on voit bien que cette idée reçue ne reflète pas la vérité.
elon moi, le régime DUKAN est peut-être même trop riche en glucides, à la phase de Consolidation, où les glucides réapparaissent trop brutalement.

Lorsque le régime ne fournit pas assez de glucides, le corps utilise le glycogène hépatique, puis le glycogène musculaire (avec le cycle de Cori). Le glycogène est une molécule hydratée. 500 g de glycogène sont accompagnés de 1,5 kg d'eau, pour un poids total de 2 kg.
La plupart des régimes font donc perdre 2 kg d'eau, les premiers jours.

"En 2005, Erlanson-Albertsson et al. concluent d'une étude bibliographique portant sur des études cliniques qu'un régime faibles en glucides entraînerait une perte de poids (après 3 à 6 mois) liée à une perte d'appétit expliquée par la forte teneur en protéines et le caractère cétogène du régime et enfin par l'absence de sucres (saccharose et fructose) stimulant la faim." (p42)
Mais saviez-vous que l'excès de sucres pourrait créer une hypoglycémie ? En effet, lorsque le corps secrète trop d'insuline, il se produit parfois une hypoglycémie réactionnelle dont les symptômes sont une fatigue, un déficit de l'attention et une incitation à recommencer du sucre. C'est un mécanisme possible de ce qui cause les fringales de sucres, cette faim dévorante et intenable qui donne envie de se jeter sur du sucré ou du calorique. Le plan DUKAN met à l'abri de cette réaction qui provoque les plus grandes difficultés à suivre un régime.

En ce qui concerne un déficit en lipides, "l'augmentation massive de la cétogenèse au cours du jeûne s'accompagne d'une acidose métabolique en général compensée.
L'élévation des corps cétoniques est peut-être un des mécanismes qui empêche la protéolyse musculaire de s'activer au maximum et qui permettrait, au cours du jeûne prolongée, le maintien du bilan azoté proche de zéro."

Risque rénal ?
Sur de nombreux sites Internet mal informés, il est souvent évoqué un éventuel problème rénal lié à l'excès de protéines. Une seule étude clinique s'est intéressé à l'homme et n'a montré aucun effet délétère. Les études sur les animaux n'ont rien montré non plus, à part un rein plus grand temporairement.
On doit déconseiller ce régime chez un insuffisant rénal.
A part ce cas, le rapport dit qu'aucun effet délétère ne peut être mis en évidence.
C'est pourtant un "argument" fréquemment repris dans la plupart des sites, alors que les données médicales vont dans le sens d'une innocuité.

Plus loin, le rapport rappelle que l'apport en protéines recommandé est de 0,83 g/kg de poids corporel (p49). Mais en France, l'apport spontané est proche de 1,5 g/kg. Le seuil maximal a été évalué à 2,2 g/kg.

Ainsi, pour une personne de 80 kg, la quantité de protéines maximale serait de 176 g par jour. Le plan DUKAN donne un apport de protéines supérieur à 200 g/j mais une partie de ces protéines vont être utilisée comme une source de glucose (25% du glucose sanguin provient de la néoglucogenèse hépatique). Cette réduction (imposée par le métabolisme) permet donc de passer en dessous de la barre des 200 g fatidique (pour une personne de 80 kg).
Je rappelle que le plan DUKAN est destiné à des personnes obèses, qui ont donc un poids corporel éloigné des "normes" utilisées dans ce rapport de l'ANSES. Dans son livre "Je ne sais pas maigrir", Dukan indique qu'il faut avoir un IMC supérieur à 29 pour faire son régime ("Un grand préalable : le point 29").

Risque hépatique ?
Le rapport indique que "la majorité des travaux s'intéressant à l'effet de la restriction calorique vont dans le sens d'une amélioration de la fonction hépatique" (p49).
Un amaigrissement TROP rapide (34 kg en 10 semaines) peut induire une légère fibrose portale ou une légère inflammation. C'est par exemple le cas avec la chirurgie bariatrique (by-pass ou gastroplastie) ou lors d'un jeûne.
"Les fortes teneurs en protéines, souvent associées aux régimes amaigrissants, ne présentent pas de risque avéré sur la fonction hépatique. Une restriction calorique importante telle qu'elle est pratiquée dans les régimes à très basses calories" (comme le régime Fricker, voir page 37) "peut provoquer des inflammations et fibroses modérées aux niveaux hépatique et portal ainsi que des calculs biliaires." (p50)

Risque de cancer sur les voies digestives ?
Déjà, l'évaluation d'un risque de cancer est très difficile et ne peut être approchée que par des études épidémiologiques. Ces études sont les moins fiables en science et les plus susceptibles de comporter des facteurs confondants qui pourraient être liés à d'autres fractions des aliments que les fibres alimentaires.
Or, on a vu que le régime DUKAN est bien pourvu en vitamines et en anti-oxydants.
Finalement, le pire effet provoqué par la réduction des fibres est le risque de constipation. C'est pourquoi l'apport de son d'avoine ou de fibres des légumes (qui gonflent dans l'intestin), l'activité physique (qui active le tractus digestif) et la consommation très importante d'eau (pour hydrater les selles) sont des conseils incontournables présents dans le livre du Dr DUKAN.

Risque cardiovasculaire ?
Pour une personne ayant une obésité importante, avec des symptômes associés à ce poids excessif; perdre du poids peut être intéressant. Cela améliore le plus souvent les facteurs de risque cardiovasculaire, l'insulino-résistance, la pression artérielle, les lipides plasmatiques et les facteurs impliqués dans l'athérosclérose.

Pour les autres, ayant un surpoids moyen ou sans problème physique, rien n'est démontré.
Et pour des femmes minces, perdre du poids serait même un facteur de risque supplémentaire.
C'est pourquoi le plan DUKAN ne doit pas être utilisé pour perdre 3 ou 4 kg, pour mieux entrer dans un bikini.
Certains régimes très hypocaloriques ont provoqué des morts subites (les oméga-3 aident à prévenir les risques de mort subite).
Le plan DUKAN n'est pas un régime hypocalorique, contrairement au régime Fricker (voir tableau 4 page 37).

Les régimes très pauvres en glucides ont des effets plus difficiles à évaluer. Certains, mal construits, se sont montrés dangereux.
Au contraire, plusieurs études ont montré l'intérêt de ces régimes pauvres en glucides. Elles ont indiqué que "ce type de régime (6 à 13% de glucides) entraîne une augmentation du cholestérol total, du cholestérol LDL, une augmentation (bénéfique) de la taille des LDL, une augmentation (bénéfique) du HDL et une diminution (bénéfique) des triglycérides.
Selon les études, la CRP, le TNF alpha diminuent. On observe donc une diminution (bénéfique) de l'inflammation, ainsi que de la pression artérielle.

Le régime DUKAN serait donc intéressant pour des hommes ayant une obésité abdominale ou ayant un syndrome métabolique (p52).

Le rapport indique aussi des effets délétères potentiels sur le risque cardiovasculaire, lors d'un régime suivi sur du long terme. On retrouve l'effet d'un excès de sel, ou d'un régime trop cétogène ou d'un régime trop pauvre en anti-oxydants (sélénium, zinc, vitamines A, C et E).

Le rapport souligne que des régimes trop hypolipidiques (trop pauvres en graisses, donc plus riches en glucides) modifient le profil lipidique de manière plutôt négative (p54).
C'est à nouveau intéressant car l'idée contraire est présente partout dans la littérature et sur le Web. Tout le monde est persuadé que "le gras est mauvais". Or, on constate que c'est encore une idée reçue, alimentée par la phobie du gras, venant des USA depuis les années 70.
Rappelons que la France est le pays du "French paradox", indiquant que l'on consomme plus de lipides qu'aux USA et que nous avons moins de maladies cardiovasculaires. Cela devrait suffire à installer le doute sur le fait que les graisses seront les "serial killers" tel qu'on le dit.
D'ailleurs, les phases Cohen2 et Dukan2 sont hyperlipidiques, ce qui est plutôt positif.

Inflammation ?
On a déjà vu que les régimes hypoglucidiques diminuaient l'inflammation. "De même un régime pauvre en glucides (et riche en acides gras saturés) n'altère pas les marqueurs de la fonction endothéliale comparativement à un régime isocalorique hypolipidique (pauvre en acides gras saturés).
(Keogh et al. 2008)" (p55)
Encore une idée reçue qui s'envole. Malheureusement, on voit partout que "les acides gras saturés sont dangereux car ils abimeraient les vaisseaux sanguins". Cela reste dans la ligne de l'idée fausse que "le gras serait l'ennemi".

Perte de poids
"La perte de poids avec un régime normolipidique (35%) à visée amaigrissante (1500 kcal pour les femmes et 1800 kcal pour les hommes) a un effet plus favorable sur le contrôle glycémique que le régime hypolipidique (inférieur à 30%) (Shai et al. 2008)."
Les régimes Weight Watcher, Fricker2+ et Fricker3+ sont dans le cas d'un régime inférieur à 30% de lipides (p20).
Le rapport conclut qu'il existe des effets délétères possibles mais qu'ils sont peut-être compensés par la perte de poids. La reprise de poids et l'effet yoyo sont donc dangereux pour la santé.
Or, pour TOUS les régimes, la reprise pondérale concerne 80% des sujets à un an et augmente à long terme.

La perte de poids pourrait être dangereuse à cause de la pollution environnementale. En effet, la graisse humaine stocke des POP (Polluants Organiques Persistants). Les pesticides, les phtalates, le Bisphénol A, les PBDE et les PCB sont des exemples de ces POP qui sont aussi des perturbateurs endocriniens.
"La grande invasion", livre et documentaire de Stéphane HOREL
Consommer des produits BIO peut être un moyen efficace de diminuer l'apport en résidus de pesticides dans l'alimentation.
Au contraire, la consommation d'aspartame est soutenue par les lobbies industriels, pour un effet nul ou peut-être dangereux. 

Rôle de l'activité physique
"Il est clairement établi que l’activité physique joue un rôle important pour obtenir la stabilisation après Restriction Calorique (RC)". Le niveau de preuves est élevé (p59).

Le rapport explique ensuite comment le corps réagit pour compenser une RC (p60). Ceci est expliqué aussi dans le livre de DUKAN, au chapitre Consolidation : le phénomène de rebond.
- l'augmentation de la faim (pour augmenter l'apport alimentaire)
- la diminution du métabolisme (pour diminuer la dépense calorique)
- l'efficience du métabolisme (pour prendre plus de calories à apport alimentaire égal)

Une personne qui a subi un régime hypocalorique va donc avoir une faim grandissante, surtout si son régime est encore riche en glucides. Une prise de glucides raffinés, lors d'un écart, entraînera une hypoglycémie réactionnelle et une fringale de sucres qui n'ira qu'en augmentant, jusqu'à l'obsession. Le régime DUKAN n'étant pas hypocalorique et comportant des protéines permet de moins sentir l'effet de cette faim intenable. C'est un point qui fait que tous les régimes choisissent d'enrichir l'alimentation en protéines.
C'est aussi la raison principale de l'échec permanent des régimes hypocaloriques. Le candidat à l'amaigrissement arrête de suivre le régime et culpabilise. Il pense que c'est sa faute si il a échoué, au lieu de comprendre que c'est une réaction normale du corps humain face à un régime hypocalorique.
De même, la pratique d'un sport augmente aussi l'appétit, en augmentant les dépenses caloriques. C'est pour cela qu'il vaut mieux une activité physique constante et modérée, comme la marche quotidienne et le fait de ne plus utiliser les ascenseurs.

La phase la plus critique de tous régimes est donc la phase de stabilisation du poids, le moment où on réintroduit dans l'alimentation les aliments (et/ou les quantités) qu'on avait au début du régime. La faim est à son maximum, le découragement aussi. Le métabolisme est prêt à profiter du moindre excès, pour refaire les stocks de graisses manquantes. De plus, la masse musculaire a légèrement baissé, même dans un régime protéique.
Avec ces indications, on voit qu'un bon régime (si ça existe...) doit modérer la faim. Il doit permettre un exercice physique modéré et une quantité suffisante de protéines pour conserver la masse musculaire, ce qui est un point commun à la plupart des régimes, qui propose plus de protéines et davantage d'activité physique.
Je pense que l'ajout de graisses, bien choisies, est un facteur important de stabilité d'un régime, et surtout dans l'après régime.


TROISIÈME PARTIE : CONSÉQUENCES PSYCHOLOGIQUES ET COMPORTEMENTALES
Le rapport signale que la littérature scientifique est très insuffisante sur ce sujet. On parle souvent du poids, mais jamais de la cinétique du poids. Il indique que 2 ans est une période à moyenne terme, pas à long terme. Or, rare sont les études qui dépassent quelques mois à un an.
Le rapport indique aussi que la mémoire n'est pas fiable quand il s'agit de reconstituer l'histoire pondérale. C'est pourquoi les études épidémiologiques sont souvent inutiles, fausses et éloignées de la réalité clinique.
Pourtant, en matière d'alimentation, on ne voit quasiment que ce genre d'études, qui associe un aliment à une pathologie. Or, associer deux éléments par les statistiques n'a jamais été une preuve indiquant une causalité.

Une autre idée reçue est dénoncée : "les obèses sont trop gros parce qu'ils mangent trop."

Il est aussi montré qu'un médecin qui dit à un parent "votre enfant est trop gros" provoque des dégâts considérables dans la famille concernée. Une fois de plus, la surmédicalisation provoque des dommages plus grands que ce qu'elle prétend réparer. or, la plupart des régimes échouent à long terme. Alors, pourquoi déclarer à un enfant qu'il est "trop gros" si on ne sait même pas le soigner ? C'est un processus délétère et coûteux pour l'individu, la famille et la société.
Au lieu de stigmatiser sans pouvoir guérir, il serait peut-être intéressant de ne voir que les parents, sans désigner l'enfant comme étant "malade", donc sans le médicaliser et sans le rendre "patient" (p64).
Les préoccupations parentales peuvent être à l'origine de troubles du comportement (anorexies mentales chez les jeunes filles, maladie qui peut être mortelle et dont on ne guérit jamais tout à fait).

J'ai apprécié cette phrase du rapport :
" L'impact de la restriction cognitive sur les troubles du comportement alimentaire est diversement admis par la communauté scientifique souvent plus encline à rechercher les causes à l'intérieur des "sujets à risques", voire à imputer la responsabilité aux "médias et aux images qu'ils imposent" qu'à reconsidérer ses propres normes pondérales et restrictions alimentaires." (p65).

Plus loin :
"L'inefficacité à long terme des régimes amaigrissants est aujourd'hui argumentée et leurs effets partiellement aggravants du poids sont admis par les cliniciens et démontrés par la recherche scientifique."
"Le principe du régime amaigrissant est logique, il séduit par sa simplicité mathématique, à la portée de tous. Il découle du postulat qu'il existe une relation simple, directe et linéaire entre la corpulence et les calories ingérées."
Or, il est évident que cette relation "n'est ni simple, ni linéaire, ni constante".
On retrouve les trois effets mentionnés plus haut (la faim, la réduction du métabolisme et l'efficience métabolique), avec des effets différents selon les individus.
"Le principe du régime repose sur une modélisation standardisée des corpulences et des appétits. Il entretient les patients dans l'illusion qu'ils peuvent - ou doivent - atteindre des normes de corpulence prônées par l'OMS ou que l'on retrouve dans les magazines de mode. A court terme, le régime préétabli simplifie la tache du praticien."
"A long terme, il garantit l'échec de tous".


Conclusion générale

Tous les régimes amaigrissants sont dangereux. 

Le régime DUKAN ne m'apparaît pas comme le plus DANGEREUX parmi ceux qui ont été étudiés dans ce rapport de l'ANSES. Beaucoup d'idées reçues trainent sur Internet à propos du régime DUKAN et j'ai essayé de le montrer dans ma courte analyse.

Dans notre société créatrice d'obésité, il faudrait que ceux qui veulent vraiment aider les personnes obèses se mettent à réfléchir sur l'échec des régimes amaigrissants, et sur le succès paradoxal de la littérature sur ce sujet.


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